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jeudi 24 mai 2012

LES REVERS DE LA CHASSE AUX EVADES


 Paru dans l'intelligent d'Abidjan du 22 Mai 2012


Evasion de prisonniers à Korhogo, Katiola, Dimbokro, Agboville, Abidjan... A croire que nos pénitenciers sont de vraies passoires. Pourtant la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA) a été remise à neuf après la crise postélectorale pour un coût d’environ deux milliards de nos francs. Visiblement le devis ne comprenait pas le renforcement de la sécurité mais uniquement la beauté et le confort de l’infrastructure. Or aussi dorée soit elle, une prison demeure une prison, et la nouvelle MACA, tout aussi poreuse que l’ancienne, a laissé s’échapper un flot de pensionnaires, que la police tente de rattraper. Etonnant, lorsqu’on sait que la sécurité est une des priorités du gouvernement, qui avait d’ailleurs promis un retour rapide à une situation normale. Plus facile à dire qu’à réaliser. Le pied du mur est entrain de révéler les lacunes des maçons. Incapables de prévenir, ils tentent de guérir et se retrouvent parfois à jouer les médecins après la mort. L’exercice du pouvoir n’est pas aisé. 




Pour tenter de rattraper les évadés, des rafles ont été instaurées. L’annonce a été faite à la télévision pour donner à l’opération un caractère officiel et rassurer la population inquiète, à cause de la présence renforcée de militaire dans les rues. Dès 21heures, les patrouilles investissent les quartiers, comme en période de couvre-feu. Etrangement elles n’inquiètent pas les automobilistes mais uniquement les piétons. C’est connu le fugitif lambda ne sort jamais la journée et se déplace uniquement à pieds. 

Puisque « évadé» n’est pas gravé en plein milieu du front ou sur la carte d’identité, ceux qui sont pris seraient directement conduit à l’école de police pour vérification. Quelle vérification ? La police dispose-t-elle d’un logiciel d’archivage numérique des données de tous les prisonniers pour qu’en saisissant un simple nom on puisse savoir si l’individu a déjà fait un tour en prison et s’il a fini de payer sa dette envers la société ou pas ? J’en doute. Les honnêtes citoyens sont donc obligés de rester confinés dans leur maison, pour ne pas risquer de tomber dans les mailles serrés d’un filet qui ne fait pas immédiatement la distinction entre les variétés de poissons qu’il prend. Finalement, nous sommes tous prisonniers. 

 Avec cette campagne, le gouvernement actuel prête le flanc à ses détracteurs qui s’en donnent à cœur joie. Ils parlent déjà d’abus, de violence, d’atteinte à la dignité de l’homme, de torture pendant ces arrestations. Ils crient à une vulgaire diversion pour légitimer la chasse aux sorcières, ou plutôt la chasse aux « sorciers pro-Gbagbo ». A qui la faute si de tels propos sont tenus ? 

Nous ne sommes pas dans un cas de figure usuel de passation de pouvoir. Il y a eu un conflit violent, sanglant, dont les morts n’ont même pas encore fini d’être découverts à plus forte raison dénombré. Chaque pas posé doit faire l’objet de mûres réflexions, entouré d’une bonne campagne de communication et surtout aller dans le sens effectif de la réconciliation nationale.

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